Difficile de mettre Catherine Roig dans une case.
On voudrait la désigner « Journaliste culinaire » pour son amour
de la gastronomie et les nombreux livres et articles qu’elle a signé sur le sujet.
Mais Catherine est bien plus que ça.

CATHERINE ROIG
Journaliste et Auteure   

Elle a été rédactrice en chef magazine du ELLE pendant plusieurs années puis directrice de la rédaction de Version Fémina. Elle a travaillé en spécialiste sur de nombreux sujets, de la décoration à la gastronomie, en passant par la culture et la psychologie. Catherine Roig est une touche à tout, une passionnée qui accorde une place centrale à l’art de vivre. Une bonne raison de se sentir proche de la Maison Fragonard. Elle nous a reçu chez elle, dans sa maison à Boulogne, pour une conversation autour de l’art de vivre, et nous a confié ses bonnes adresses.

D'où vient votre attrait pour la gastronomie ?

Mes parents étaient restaurateurs. Mon père est originaire de Catalogne, une région magnifique à cheval entre l'Espagne et la France. Il y a la mer et la montagne, une campagne incroyable, une cuisine unique. Il a quitté l'Espagne dans les années 50. Une fois arrivé en France il a enchaîné les petits boulots et a fini par atterrir dans une cuisine. Il a tout appris par lui-même. C'est comme ça qu'il a rencontré ma mère, qui travaillait dans la restauration. Ils se sont ensuite installés en Bretagne, du côté de Lorient. Ils ont tenu des restaurants toute leur vie. On y mangeait très bien. J'ai donc grandi dans les coulisses d'un restaurant, et à la maison maman cuisinait merveilleusement bien. Mes parents ne m'apprenaient pas à cuisiner, ils m'apprenaient à goûter. A 8 ans déjà, mon père me faisait comparer différents foie gras, en apprécier la texture, le goût,… Maman m'a poussé à cuisiner à l'instinct, c'est ce que j'ai toujours fait.

Avez-vous effleuré l'idée de devenir chef ?

Pas vraiment, car mes parents m'ont toujours dissuadée de le faire. Ils regrettaient tous les deux de ne pas avoir fait d'études, ils m'ont donc poussé à étudier. Ils ne m'interdisaient pas de m'intéresser à ce domaine bien sûr, mais ils ne m'encourageaient pas dans cette voix, c'était trop dur. En grandissant dans un restaurant, je voyais mes parents épuisés en permanence. C’est un secteur difficile.

Qu'est-ce que vous aimez dans votre métier ?

Mon métier, c'est à la fois la curiosité et la transmission. La curiosité parce que je m'intéresse à tout. Que ce soit des sujets déco, sociologiques ou gastronomiques. La nourriture c'est aussi de la culture. Et puis la transmission, à travers l'écriture qui me permet de partager ces passions avec le grand public.

Revenons en région parisienne, chez vous. Quels sont les objets qui vous apportent de la joie ?

La table basse du salon, signée Noguchi. Si je devais retenir un seul objet déco de toute ma vie, ce serait cette table basse. C'est un investissement, elle a été créée dans les années 50 et je trouve que c'est une merveille d'équilibre. J'en rêvais depuis longtemps et elle me met chaque jour en joie. Dans ma chambre, je pense à mon papier peint à fleurs Sanderson. Je l'adore, même si il est très chargé et ne va avec rien ! J'avais flashé dessus quand on s'est installés dans cette maison et j'en suis toujours dingue. J'adore aussi les chaises en bois de la salle à manger. Et les assiettes Fragonard, qui me transportent dans un ailleurs qui sent bon l'été, ainsi que mes couteaux en bois, beaux et d'une efficacité redoutable ! Pour moi ce sont des objets éternels.

Une recette pour accueillir les premiers jours de printemps ?

J'en ai plein en tête ! Spontanément je pense à des petits pois frais, à peine cuits, accompagnés de quelques asperges cuites à la vapeur. Un filet d'une très bonne huile d'olive, un petit peu d'ail... Le tout est que cela reste croquant. On ajoute une belle mozzarella de bufflonne là-dessus. Pas de basilic car je trouve qu'il va prendre le pas sur les petits pois, plutôt du cerfeuil. A la sortie de l’hiver je pense aussi à l’accord oranges fenouil olives noires et huile d’olive. Il faut acheter de bons produits, c’est simple et délicieux.

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Les assiettes
Fragonard,
qui me transportent
dans un ailleurs
qui sent
bon l'été (...)
Pour moi ce sont
des objets éternels.

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Vous respirez l'air de la Bretagne à pleins poumons et votre coeur bat pour la Catalogne.
Que mettez-vous dans votre valise pour chacune de ces destinations ?

Pour la Bretagne, forcément un jean, une marinière et un kway. Mais aussi un maillot de bain car je suis née en Bretagne et les 16 degrés de la mer l'été ne me font pas peur ! Pour la Catalogne j'emporterais avec moi une robe en coton légère et colorée de Fragonard, un maillot de bain, des lunettes de soleil. Il peut faire 41 degrés là-bas à 8h du matin l'été. Je prendrais aussi des bonnes chaussures pour marcher, il y a tellement de choses à visiter.... Notamment les ruines d'Empúries, ou encore les plages et criques du côté de l'Escalat. Enfin, je glisserais dans mon sac un guide gastronomique car il y a de très bonnes tables en Catalogne. Notamment Placa del Vi 7 à Gérone, tenu par un sommelier exceptionnel. Des tapas et des excellents vins. Et le restaurant Normal des frères Roca. Il faut s'accrocher pour réserver une table mais c'est un endroit divin !

La Provence vous fait vibrer, quels sont vos incontournables dans cette région ?

Le marché d'Arles évidemment. Je l'adore parce qu'il est à la fois immense, gourmand, populaire et joyeux. J'aime énormément l'ambiance qui s'en dégage, et cette ville si spéciale. En Arles, je recommande aussi la galerie d’art Anne Clergue qui expose avec talent peinture et photo et le centre d'art contemporain Luma. Le Musée Arlatan qui est une splendeur, et en sortant de la ville on peut visiter l'Abbaye de Montmajour, sublime.

J'irais manger chez Edú à St Rémy de Provence. Un endroit génial décoré par Annick Lestrohan de la marque Honoré. On y mange des pizzete à la poutargue, délicieuses, ou un riz à la camarguaise avec du poisson au bouillon de crabe. C'est trop bon ! Non loin de là, il y a le domaine viticole de Dominique Hauvette.

J’aime aussi me promener dans les villages du Lubéron qui sont absolument sublimes. Cucuron, Saignon, Roussillon et le chemin des Ocres,... Je ne manque pas de passer déjeuner ou dîner chez Nadia Sammut à Lourmarin. Du côté d’Aix-en-Provence, il y a les expositions de l'Hôtel de Caumont. Elles sont toujours très belles.

Je pense aussi à toutes les promenades qu’on peut faire dans les collines des Alpilles, c'est absolument magnifique. Et puis j'aime reçevoir dans ma maison de Fontvieille, l'été étant pour moi synonyme de grandes tablées. "Une maison dans le midi, des amis pour la vie !" comme on dit. C'est aussi pour ça qu'on aime cette maison. Il y a toujours du monde qui passe, c'est ce qui est magique. La place de notre village de Fontvieille est merveilleuse dans sa simplicité. Cafés, manège, marché. Simple et populaire.

Nous aimons aussi nous promener aux Baux-de-Provence, dans les ruines de cette forteresse médiévale. Les Carrières de Lumière c'est magique. Et puis évidemment il y a L'ousto de Beaumanière, un restaurant historique trois étoiles tenu par Monsieur Charrial. Nous n’y allons pas très souvent car un restaurant de cette envergure à un prix, mais cela reste une expérience à vivre, c'est extraordinaire. Ils ont créé une chocolaterie l'année dernière, qui est excellente, avec le pâtissier Brandon de Han. Ils font des chocolats merveilleux, notamment des petites cigales pralinées parfumées aux herbes de la garrigue, ou encore des carrés de chocolat noir fourrés à la guimauve et au caramel. Un délice !

Enfin, on ne peut pas repartir d’un tour en Provence sans une bonne bouteille d'huile d'olive, qui y est fabuleuse ! Je recommande domaine de Raymond Gonfon, Les Terres de Pierre, ou Le Moulin de Bedaride à Fontvieille.